Le rôle de l’induction
Dans l’absolu, l’induction ne sert à rien. Elle n’est ni obligatoire, ni légitime, et dépend en réalité de l’usage que vous souhaitez faire de la suggestion.
Si votre souhait est d’obtenir un maximum de phénomènes hypnotiques en un minimum de temps, j’aurai même tendance à dire que l’induction est une perte de temps. Nous le constatons régulièrement dans la rue, où nous obtenons nombre de catalepsies et amnésies sur des personnes à l’état de conscience normal, dit « état de veille ». En d’autres termes, sans induction ni approfondissement. L’induction conserve cependant des objectifs bien particuliers qui permettent d’accroître la réponse aux phénomènes hypnotiques de nos volontaires dans le contexte de la rue, et sert aussi de catalyseur pour amener les personnes dans un niveau de relaxation et de détente très profond.
En général, quand une personne est dans un état d’hypnose, elle se sent comme déconnectée de la réalité, voire même déconnectée de son corps. On parle alors de « dissociation ». La personne peut ressentir son propre corps de façon extérieure, et avoir l’impression que ce n’est plus réellement le sien. En d’autres termes, elle devient spectatrice. Le cas le plus flagrant intervient dans le cadre de ce que l’on appelle « l’écriture automatique ». Il s’agit d’une suggestion permettant de laisser l’inconscient écrire sans que le conscient ne fasse quoi que ce soit. C’est une expérience troublante, et souvent réservée à la thérapie. Ce que j’essaie de vous expliquer, c’est que lorsque l’on joue avec les différents phénomènes hypnotiques à l’état de veille, il n’y a pas (ou peu) de dissociation au départ, et celle-ci s’installe petit à petit à mesure que les suggestions s’enchaînent de façon cohérentes et pertinentes.
En revanche, l’induction (et surtout celles avec une rupture de pattern, ou un choc) apportera une rapide et soudaine dissociation, que l’on stabilise ensuite avec l’approfondissement et l’enchaînement des suggestions.
Les personnes que vous allez hypnotiser auront des réactions différentes selon leur capacité à lâcher prise et à se laisser aller. Certains vont littéralement se sentir « partir » et il vous faudra faire attention à bien les retenir pour éviter de les voir chuter par terre. D’autres, et ils seront majoritaires, se sentiront parfaitement normal et auront presque l’impression de « faire semblant ». Ce n’est absolument pas un problème. A ce stade de la séance, vous voulez qu’ils jouent le jeu pleinement.
Il faut que vous compreniez que dans certains cas, où les personnes n’ont pas l’impression qu’il se passe quoi que ce soit de spécial lors de l’induction, c’est simplement que la dissociation n’a pas pris. Pour l’instant. Mais, en soi, ce n’est pas si important. Votre routine doit vous permettre de vous adapter. Et dans le cas où la dissociation est plus faible suite à votre induction, vous allez simplement approfondir la transe un peu plus, jusqu’à sentir que la personne lâche prise et se laisse aller dans un état intérieur de relaxation et de détente suffisants.